Indomptables semble ne pas avoir si mauvaise presse, alors une fois n’est pas coutume, je vais me permettre la prétention des redresseurs de torts : c’est éclaté au sol, mon gars. Ou plutôt c’est franchement incompréhensible : le premier film « sérieux » de Thomas N’Gijol est un peu nébuleux sur sa démarche, qu’on parle de famille dysfonctionnelle ou de police aux méthodes douteuses. Et si le « sérieux » est entre guillemets, c’est parce qu’il n’est pas clair : la faute au registre comique de N’Gijol qui nous a habitué à incarner des crétins trop sûrs d’eux-mêmes avec un sérieux absolu, peut-être, et qui envoie toutes les lignes de dialogue de ce personnage sur un fil tendu, ambigu, et nous questionne : Thomas fait-il exprès de nous mettre mal à l’aise ? Fait-il exprès d’imiter grossièrement l’accent camerounais une scène sur deux, pour l’oublier la scène d’après ? A-t-il de la sympathie ou du dégoût pour ce père réactionnaire qui s’aliène sa famille ? Et surtout, question la plus importante, en a-t-il quelque chose à foutre de cette intrigue policière ? En d’autres termes, frérot, tu es cringe.
Et qu’on soit clair : le film risque d’être relativement insignifiant, et je ne serais pas si dur si le film était ignoré, mais lorsque j’entends des comparaisons avec Michael Mann, oui, je m’insurge. Parce que la réalisation ne propose rien, alors que ce décor de Yaoundé que l’on ne voit jamais dans le cinéma français aurait pu être intéressant à montrer, alors que le thème des bavures policière et des institutions désargenté aurait pu être vraiment traités, alors que les histoires de famille, qui semblent être la seule chose qui intéresse vraiment Thomas, auraient pu mener quelque par d’autres que sur 10 scènes identiques ou Thomas engueule l’un de ses gosses. Peut-être que monsieur N'Gijol aurait préféré faire un film sur ça, sur le patriarche camerounais conservateur qui s’aliène sa famille, et peut être qu’il ne fallait pas s’encombrer d’une pseudo intrigue policière qui ne va nulle part, qui sait ? En tout cas, c’est raté.