Parfois, ce qu’on veut au cinéma, ce n’est pas forcément l’originalité à tout prix. Parfois, ce qu’on cherche, c’est un écho fidèle à une émotion connue, une réminiscence, un miroir vivant d’un souvenir aimé. Et ce Dragons de Dean DeBlois l’a compris mieux que quiconque. Ce remake live-action de son propre film animé n’est pas juste une relecture : c’est une transposition quasi-chirurgicale, pleine d’amour, de respect, de fidélité. Un copier/coller, diront certains ? Peut-être. Mais un copier/coller qui a du cœur, des tripes et de la hauteur.
Dès les premières minutes, l’alchimie est là. Les décors reprennent trait pour trait l’univers si familier de Berk : les falaises battues par le vent, les villages de bois brûlé, les fjords brumeux et ces cieux infinis où volent les dragons. On est de retour chez soi. Et lorsque Krokmou surgit de l’ombre, l’effet est immédiat : c’est lui. Le même. Les mêmes mimiques, les mêmes yeux immenses et expressifs, la même dynamique chien-chat-lézard. Pas de relooking inutile, pas de réinvention pour réinvention : Toothless est Toothless. Et c’est un vrai soulagement.
L’histoire ? On la connaît. On l’aime. On la retrouve avec plaisir. Harold, jeune garçon malingre et en décalage avec sa culture viking belliqueuse, apprivoise l’impensable : un dragon. Ce lien improbable, fragile, tissé d’incompréhension et de confiance, reste toujours aussi touchant. On rit, on s’émeut, on ressent cette même montée d’émotion que dans l’original. Et lorsque viennent les scènes de vol -magnifiquement filmées, amples, lyriques, avec une vraie science du vertige et du silence- le cœur décolle littéralement.
Côté effets spéciaux, c’est globalement solide. Quelques plans en CGI un peu moins fins viennent rappeler qu’on n’est pas chez James Cameron, mais l’essentiel est là : la magie visuelle opère. L’action est rythmée, lisible, avec des affrontements qui ne perdent jamais de vue la dramaturgie derrière les coups d’aile et de crocs.
Mais ce qui impressionne surtout, c’est le casting. Tous les acteurs incarnent leurs personnages avec justesse, sans caricature et ressemblent plutôt bien aux personnages du film d'animation. Harold a l’intelligence et la vulnérabilité attendues (même si physiquement, le fait que cela se voit un peu qu'il a du se lisser les cheveux pour le rôle et qu'il semble un peu plus vieux que le perso , pourrait en chagriner certains un peu trop tatillon), Gerard Butler en Stoïk (le père) impressionne, Astrid est droite, intense, crédible. Nico Parker alias Astrid surprend agréablement. Oui, c'est une "nepo baby", mais elle a du jeu, une vraie douceur, et une intensité naturelle qui fonctionne à l’écran sachant qu'en plus elle colle parfaitement au décor pour ceux qui hurle au cast "diversité" (Monica Bellucci, Ariana Grande, Adèle Exarchopoulos sont plus plus mates qu'elle) . D'ailleurs en parlant de cela, pour ceux que cela dérange, l'infime présence de certains (1m30 max dans le film au total) est justifiée intelligemment en deux lignes de dialogue, alors que leurs rôles se confondent à de la figuration dans ce premier film. Loin des relectures forcées ou maladroites de certaines adaptations, Dragons assume ses choix tout en restant dans les clous.
C’est un film qui connaît son public. Il ne tente pas de tout réinventer. Il ne trahit rien. Il honore. Il célèbre. Et pour celles et ceux qui ont grandi avec l’original, ou simplement vibré devant, c’est un retour bienvenu et réussi dans les cieux vikings de notre adolescence.
En conclusion, ce métrage ne prétend pas réécrire la légende. Il veut juste lui donner corps. Et il y parvient avec fidélité, respect et une bonne dose de sincérité. Par les temps qui courent, c’est déjà une victoire.
Si vous avez aimé la saga Dragons, vous allez aimer Dragons car c'est juste le même mais en prises de vues réelles. Et dans ce cas précis, c’est exactement ce qu’il fallait.
A découvrir par tous!